Des origines à la Maladrerie…

Tout le monde connaît l’hôpital Saint-Louis où beaucoup d’agents ont travaillé. Mais qui pourrait dire quand il a été fondé et avant sa création où et par qui étaient soignés les Boulonnais.

Contrairement à la ville dont on connaît l’origine que l’on situe en 55 avant JC., date de la première expédition de César dans l’Ile Bretagne, on ne connaît pas avec précision la date de fondation des premiers établissements de soins.

On situe leur apparition au 12ème siècle, époque où Boulogne était devenue une importante cité, du fait de sa position stratégique en face de l’Angleterre et à la convergence des grandes voies de circulation, de par sa topographie, un estuaire assez large pour permettre d’abriter une flotte de navires à un moment où se développe un pèlerinage à la statue miraculeuse de la Vierge Nautonnière.

Soldats, habitants des campagnes environnantes menacés par les guerres et la famine, pèlerins, malades convergeaient vers la cité où, pour les accueillir, deux établissements allaient être érigés l’hôtel Dieu ou hostellerie de Sainte-Catherine et la Maladrerie de la Madeleine.

 

L’Hôtel Dieu ou hostellerie de Sainte-Catherine

La date de fondation de l’établissement est controversée ; certains historiens l’attribuent à la Comtesse Ide de Boulogne, mère de Godefroy et épouse d’Eustache II as grenous (aux belles moustaches !) qui participera à la bataille d’Hastuigs aux côtés de Guillaume le Conquérant, morte en 1113 ou à Eustache III, fils aîné d’Ide et d’Eustache as grenous ou enfin à Mahaut (petite fille d’Ide), épouse d’Etienne de Blois (petit fils de Guillaume le Conquérant) qui deviendra roi d’Angleterre en 1135 ; enfin pour certains le fondateur serait le Comte de Boulogne, Eustache III en 1109.

Ce qui est certain, c’est que l’établissement apparaît au XIIème siècle et que sa vocation est à l’origine celle des édifices “hospitaliers” de l’époque, c’est à dire lieu de refuge des pèlerins d’où son nom “Hostellerie” et non établissement de soins. Si on connaît l’emplacement de l’établissement reconstruit au début du XVIème siècle à savoir dans le prolongement de la Bibliothèque Municipale actuelle, le long des remparts entre la Porte des Dunes et la Tour Gayette, on ignore son emplacement exact d’origine mais on suppose qu’il se trouvait au même endroit.

Comme de tradition à l’époque, l’hôpital Sainte-Catherine survit grâce à de nombreux dons dont on trouve trace dans les registres de l’établissement.

L’Hôtel Dieu subira le sort de la ville qui, fort convoitée, vivra du XIVème au XVIème siècle au rythme des conflits et des trêves ponctués par les raids des pirates et des fourrageurs.

De ces deux siècles on peut retenir quelques dates et événements marquants :

– août 1339 puis septembre 1346 voient la ville incendiée et pillée par la flotte anglaise.

– La peste noire, bien qu’on ne possède aucun témoignage historique ou archéologique direct, a dû frapper la ville comme elle a dévasté la France et l’Angleterre fin 1348 début 1349.

– Puis la bataille d’Azincourt à l’automne 1415 va voir converger vers la ville une foule de réfugiés qui rend la situation de l’hôpital très précaire.

– La ville devient alors bourguignonne jusqu’en 1477 et l’Hôpital Sainte-Catherine a une certaine importance si l’on juge par le commentaire de l’Abbé de Notre Dame en 1421 : “l’hôpital illustre, solemne hospitale, dans lequel les pauvres, infirmes et malades, affluant de toutes les parties du monde sont reçus et soignés…

– Boulogne redevient cité royale après le siège victorieux de Louis XI en 1477 ; puis après une quinzaine d’années de prospérité c’est à nouveau la ruine en 1491 suite à l’incendie de toute la basse ville par l’armée du roi d’Angleterre.

Boulogne est occupée par les Anglais de 1544 à 1550. Ils détruisirent ou emportèrent toutes les archives de la ville. A cette période, l’hôpital Sainte-Catherine ne répond plus aux besoins. Un nouvel hôpital sera bâti : l’hôpital du Bourg.

Toutefois, l’hôpital Sainte-Catherine gardera sa destination d’établissement hospitalier jusqu’en 1692, date des lettres patentes de Louis XIV créant l’hôpital Saint-Louis. A cette date le Couvent des Sœurs Annonciades sera construit à sa place.

 

la Maladrerie

la MaladrerieLa Maladrerie de la Madeleine  ( photo du haut de la page source La maladrerie de la Madeleine en 1932 (Bibliothèque des Annonciades B/Mer, réf. A 0110836) 

Si les hostelleries étaient lieux d’accueil, il n’était pas question d’y recevoir les contagieux et surtout les malades atteints de la lèpre ; cette maladie, qui a sévi du 5ème au 15ème siècle, et dont on peut mesurer l’ampleur, quand on apprend par le testament de Louis VII, en 1226, qu’il y avait dans son royaume 2000 léproseries ; de Montreuil à Wissant existait une dizaine de léproseries dont, aux portes de Boulogne, la Maladrerie de la Madeleine.

Son origine, mal connue, est contemporaine de celle de l’hostellerie Sainte-Catherine, c’est-à-dire XIIème siècle.

Elle était située à la limite Sud de la ville, dans l’actuel quartier de Bréquerecque, une zone à l’époque entourée de marécages entre l’estuaire de la liane et à proximité de la grande route de Boulogne à Paris, à l’écart de toute habitation. Une fontaine qui existe toujours la “Fontaine des Ladres” fournissait l’eau à la léproserie.

La léproserie était construite autour d’une cour oblongue parallèle à la Liane. Ruinée par l’occupation anglaise de 1544 à 1550, sa reconstruction fut achevée en 1557, et présentait alors plusieurs bâtiments une chapelle, le logis du Chapelain, le logement de l’aumônier, une sacristie avec logement du sacristain, et onze à douze maisonnettes appelées “logettes” qui possédaient d’étroites fenêtres sur l’extérieur autour de l’endroit qui devint la cour Grebet. La lèpre ayant fortement diminué, un Arrêt du Conseil du Roi du 16 novembre 1693 prononça sa suppression et l’annexa à l’hôpital Saint-Louis.

Toutefois, les bâtiments subsistèrent et d’après Camille Enlart en 1899 “les bâtiments de la Maladrerie offraient un grand intérêt architectural car Boulogne possédait un ensemble complet d’une léproserie du XIIème- XIIIème siècle, dont la chapelle considérée comme la deuxième en date des édifices religieux dans le Pas-de-Calais pour sa partie carolingienne. Cette léproserie était le seul exemplaire français complet à l’époque hormis les vestiges de celle de Périgueux”.

Existant encore partiellement après la guerre, tout a disparu avec la construction de la nouvelle gare. Seul témoignage contemporain la fontaine qui a conservé le nom de “Fontaine des Ladres”.