Traces et mémoire

Natif de Boulogne-sur-Mer, Philippe Manière a grandi au contact direct de la marine industrielle et de son environnement. Ces lieux maritimes stratifient et concentrent un chapitre de l’Histoire européenne en témoignant matériellement d’une mémoire alliant l’individuel et le collectif.

Imprégné de ce contexte, il s’est attaché dans sa démarche de peintre à interroger la matérialité de ces traces, ainsi que les systèmes formels de la modernité.

« Mon approche repose sur des données factuelles : à chaque exploration de site, je réalise une documentation à partir de croquis et de relevés photographiques. Je glane ainsi mes matériaux de base : matières, couleurs, textures, signes et motifs que je réinvestis ensuite dans mes compositions picturales. Cette matériologie est associée à une recherche très concrète concernant l’utilisation des couleurs. Il y a dans chacun des matériaux et des gestes choisis, un rapport quasi phénoménologique, une volonté d’être au plus près de la chose peinte, pour tenter d’extirper au présent une persistance de la mémoire »…

De la figuration aux signes

 La peinture de Philippe Manière a suivi un processus de radicalisation, allant de la chose représentée à la chose concrète, matériellement présentée au sens du « tableau objet ». Aux paysages figuratifs, se sont substitués des panneaux, sortes de fragments de « paysages sociaux », où signes, couleurs et textures s’entremêlent.

La matérialité de la peinture est mise en avant. Le peintre cherche à injecter dans un monde régi par la géométrie et par la rationalisation, une réalité humaine incarnée dans ces modestes traces.